Après la dispersion des apôtres, Jacques le Majeur vint en Espagne, dont Dieu destinait à faire la conquête. Il la parcourut en tout sens et la féconda de ses sueurs ; mais il ne put convertir que neuf disciples. N'est-ce pas un sujet de consolation pour les prédicateurs dont les efforts ne sont pas toujours couronnés de succès ? Dieu se plaît ainsi à éprouver ses envoyés ; ils sèment, d'autres recueilleront la moisson. Du reste, Jacques eut une grande consolation : la sainte Vierge, vivante encore, lui apparut et lui demanda de construire, en son honneur, une chapelle qui serait une protection pour l'Espagne. La sainte Vierge a maintes fois prouvé depuis aux Espagnols qu'ils étaient sous sa sauvegarde : ce peuple si fier a trouvé dans la fermeté de sa foi le courage indomptable qui fait les héros. Saint Jacques revint à Jérusalem, y prêcha la foi de Jésus-Christ et convertit beaucoup de personnes. L'apôtre gagna à Jésus-Christ deux magiciens qui avaient cherché à le confondre par les pratiques de leur art diabolique. Un jour qu'il prêchait, une émeute, préparée à l'avance, se souleva contre lui ; on le conduisit au gouverneur Hérode, en disant : « Il séduit le peuple , il mérite la mort. » Hérode, homme sans conscience, visant avant tout à plaire, commande de trancher la tête au saint apôtre, l'an 43. Le glorieux martyr appartenait à l'Espagne, qu'il avait évangélisée. Sa dépouille mortelle y fut conduite par quelques disciples. Il n'est peut-être pas au monde un ancien pèlerinage plus célèbre que celui de saint Jacques de Compostelle. En diverses circonstances, saint Jacques a été le défenseur de l'Espagne contre les Sarrasins.
Source : M. L'abbé L. JAUD .- Vie des saints pour tous les jours de l'année
(Tours, Maison Mame et Fils, nouvelle édition, 1905)