Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

échiquier - Page 3

  • NOBLE JEU ET BEAU LIVRE N°7

    Tartakover-01.jpgParce que la nostalgie éprouve une certaine tendresse pour les poètes maudits, j'ai le plaisir de vous présenter « Tartacover vous parle », le dernier livre qu'a écrit un de nos prodigieux champions français du jeu d'échecs.

    À en croire les spécialistes du genre, cet ouvrage est rare. Ce titre a fait l'objet d'une édition unique, en 1953, et fut épuisé avant la fin des années 1950.

    Au gré des belles parties qu'il nous relate, jouées entre 1914 et 1931, Xavier Tartacover — version francisée de Tartakover Savielly Grigorievich — nous dresse le décor du « noble jeu » dans l'entre-deux guerres. Sur un ton un rien infatué, mêlant ironie et allégresse, il évoque le style de ses grands rivaux de l'époque et leurs contributions respectives aux théories de ce jeu envoûtant...

    En savourant tour à tour sa virtuosité échiquéenne, l'acuité pédagogique de ses commentaires, son art consommé de l'humour vachard, on ne sait plus vraiment qui était Xavier Tartacover (1887-1956), tant sa vie semble plus  tumultueuse encore que son œuvre.

    Cf en lien, une brève biographie, riche en événements : http://fr.wikipedia.org/wiki/Tartakover

    Les amateurs d'échecs que nous sommes célèbrent en lui le brillant avocat des « échecs romantiques » qui se plaisait à dépoussiérer le registre trop académique des grands maîtres de son temps. Tout au long de sa carrière, il appliquera sur l'échiquier l'adage du grand Tarrasch : « Ce qui est certain aux échecs, c'est que rien n'est certain... »

    Tartakover-02.jpgAvec lui, le coup le plus audacieux n'est jamais « faux ». Il est vrai de spontanéité, d'imagination et d'audace. Assez de quoi désarçonner les adeptes froids du rationalisme soviétique.

    Avec lui surtout, la joute échiquéenne est plus affaire de tempérament que de science. Pour preuve, — les initiés me comprendront —, il réhabilita avec brio des coups d'un autre âge, à l'exemple du Gambit sicilien (1- e4 c5 2- b4 ?!...), sans jamais céder à la facilité des « variantes apprises par cœur dans les livres ».

    Elle était encore loin la dictature implacable des logiciels échiquéens. Miroir d'une époque où l'erreur était gentiment humaine, comme nous le rappelle un des aphorismes dont il avait le secret : « Les grosses bourdes sont là, sur l'échiquier, elles attendent d'être commises... » En amateur assez peu éclairé, je ne manque jamais de répondre à l'appel !

     

    EXTRAIT —

    1-b4... Parmi les « débuts de fantaisie », ce coup d'aspect si bizarre prend une place d'honneur.

    Plus tard, lors du tournoi de New-York, en 1924, j'ai dénommé cette ouverture « Début d'Orang-Outang », et cela non seulement parce que je l'y ai appliqué, contre Maroczy, après une consultation préalable d'un jeune orang-outang, lors de notre visite collective au Jardin zoologique de New-York à la veille de la partie en question, mais aussi parce que la manœuvre grimpante b4-b5 fait songer à cet animal inventif. Le nom est resté.

    Source : Tartacover vous parle - Choix de ses meilleures parties d'échecs annotées par lui - (Paris, Librairie Stock, 1953)

     

    Tartakover-03.jpeg

    Partie Torre v. Tartacover, 5e ronde, Tournoi de Moscou, 15 novembre 1925 (à droite, Tartacover)