Cette semaine, j’ai le plaisir de vous présenter un vieux classique qui se prétendait lui aussi, à son époque, précurseur en tout. L’avant-propos de l’auteur mérite tout particulièrement le détour. On y devine entre les lignes un ton mi-paternaliste mi-démagogique, flattant l’expérience intuitive de ses confrères et louant les vertus de l’empirisme en matière de pédagogie. Tout à la gloire de l’esprit corporatiste qui sévissait déjà dans la bien nommée « Instruction publique »…
Méthode Cuissart.- Enseignement pratique et simultané de la Lecture, de l’Écriture, de l’Orthographe et du Dessin – Premier livret –
(Paris, Librairie d’Éducation nationale, 497e édition, 1910, 13,5 sur 17,5 cm, 40 pages)
EXTRAIT :
« La méthode que nous offrons aux instituteurs et aux institutrices diffère un peu de toutes celles qui existent. Nous en avons conçu l’idée après la lecture du remarquable rapport de M. Buisson sur l’exposition de Vienne. Mais nous en avions déjà appliqué les principes, comme instituteur de 1852 à 1865, en employant fréquemment le tableau noir, pour l’enseignement de la lecture. Ce système nous permettait de choisir les mots et les phrases et de les faire servir ensuite à des exercices d’écriture et de dictée.
Beaucoup d’instituteurs font de même aujourd’hui. Ils enseignent simultanément l’écriture et la lecture au moyen d’exercices et de procédé qui leur sont spéciaux. C’est la meilleure des méthodes.
Pourquoi ? Parce que, dans ce cas, on est sûr que le maître se réserve la plus grande somme d’efforts et de travail, et qu’il tâche d’aplanir à ses élèves les difficultés de ce premier enseignement, toujours si aride et si ingrat.
Il imite en cela la mère qui s’ingénie par mille moyens pour que son enfant arrive, peu à peu, à agir, à se servir de ses organes et des ses membres.
C’est là tout le secret, tout l’exposé de notre méthode.
Nous traçons la voie, nous fournissons une partie des matériaux, nous donnons quelques conseils, mais il faut ensuite que le maître paie beaucoup de sa personne. Du reste, quelle que soit la matière enseignée, rien ne remplace la parole et les démonstrations du maître. »