Suite et FIN de notre feuilleton sanitaire.
Là où Irénée sourit à l’idée que le masque dissimule tout ce que nous aimons cacher… surtout un soir de bal.
Après « Le masque proscrit », savourez le DERNIER ÉPISODE : « Le masque dissimule ».
Le masque dissimule
Il dissimule pour la bonne cause, le masque. Au nom de l’état d’urgence sanitaire. Une précaution de bon aloi qui, à bien réfléchir, donne libre cours à une foule d’envies.
Envie de dissimuler, oui ! Cacher des boutons, des dents jaunes ou un vilain nez. Enfouir une mauvaise haleine ou une barbe mal taillée. Envie de se lâcher, aussi, sans rien laisser paraître. Envie de bailler, d’éternuer, de roter. Envie de faire des grimaces, de tirer la langue, de parler tout seule à voix basse. Toutes ces « vilaines choses » qu’il n’était jadis pas permis. Quelle aubaine alors ! Le masque fait office de protection et devient complice de transgressions sociales au nom même de la distanciation… sociale. Comme s’il venait soudain nous libérer des convenances et bonnes manières. Comme s’il n’autorisait désormais qu’un seul langage, celui des yeux, avec tout ce qu’ils savent libérer d’espièglerie, de facétie, de sympathie, de complicité et de vérité. Comme si le visage n’avait plus besoin de babillage pour laisser paraître de nous l’essentiel. Comme une invitation à comprendre une vérité aussi triviale que mystérieuse. Celle que la moraliste Vauvenargues nous a léguée par-delà les siècles : « Le monde est un grand bal où chacun est masqué. » Là où, dans les bras de Gérard de Nerval, la danse me porte et transporte, parce que…
« Il est un air pour qui je donnerais
Tout Mozart, tout Rossini et tout Weber,
Un air très vieux, languissant et funèbre
Qui pour moi seul, a des charmes secrets. »
Oui, que c’est doux d’être philosophe de supermarché !
FIN