Le 1er avril, nous nous égayons aux dépens de nos amis en leur annonçant des nouvelles absolument inexactes et en leur imposant des démarches inutiles. S’ils se fâchent, il nous suffira d’un mot pour calmer leur colère : « Poisson d’avril ! » Quelle est l’origine de cette plaisanterie vraiment absurde ? On raconte que le roi Louis XIII faisait garder à vue, dans le château de Nancy, un prince de Lorraine. « Le prisonnier trouva moyen de se sauver, le 1er avril, en traversant la Meuse à la nage, ce qui fit dire aux Lorrains que c’était un poisson qu’on avait donné à garder aux Français. »
Mais voici d’autres origines :
Poisson d’avril, dit-on, dérive par corruption de Passion d’avril. Le vendredi saint tombe souvent dans ce mois, et la manière dérisoire dont le Christ fut renvoyé d’Anne à Caïphe, de Caïphe à Pilate, de Pilate à Hérode, d’Hérode à Pilate, semble une mystification pareille à celle que nous appelons poisson d’avril.
Une autre version est la suivante : « Le mois d’avril est le mois où le maquereau est le plus abondant. La pêche commence dans les premiers jours ; or, il est d’usage dans certaines contrées maritimes, lorsque les pêcheurs reviennent après une maigre pêche, qu’on leur envoie en matière de plaisanterie des poissons en bois et en carton. On nargue ainsi ceux qui s’étaient vantés de revenir avec des cargaisons beaucoup plus considérables que leurs voisins. Souvent les pêcheurs, pour ne pas avouer leur pêche infructueuse, prétendaient que leurs bateaux avaient coulé au retour. On les accueillait alors en criant : « Ah ! ah ! c’est du poisson d’avril. »
Enfin, une dernière étymologie, qui, à vrai dire, nous paraît la meilleure, bien qu’elle ne nous apprenne pas l’origine des mystifications du 1er avril : En avril, le soleil vient d’entrer dans la constellation zodiacale qu’on appelle les Poissons. Disons à ce propos que la constellation de Poissons était, en Egypte, consacrée à la déesse Nephtis, puissance malfaisante qui symbolise la stérilité de la terre. Elle était la femme de Typhon, dieu du mal, des ténèbres, de la stérilité. Détail assez curieux : dans les temps consacrés à Typhon,on immolait à ce dieu des hommes roux !
Source : LÉVY (Albert).- La légende des mois
(Paris, Librairie Hachette et Cie, 1879)